Fin octobre 2017, Kevin Spacey s'excusait auprès d'Anthony Rapp sur Twitter. Suite au mouvement #MeToo, ce dernier s'était décidé à dénoncer les avances que Spacey lui avait faites alors qu'il n'avait que 14 ans. Depuis, d'autres ont également déclaré avoir été victimes de ses agressions sexuelles : Roberto Cavazos, Harry Dreyfuss...
Le tweet de Spacey était d'autant plus troublant qu'il y annonçait également son homosexualité. Être à la fois dans les rangs hollywoodiens des oppresseurs et des opprimés, voilà un amalgame considéré comme manipulateur pour certains, candide pour d'autres, décevant pour beaucoup. Il scella en tout cas la carrière du grand acteur oscarisé : exit House of Card, annulation de Gore (un autre projet avec Netflix), retrait de ses scènes dans All the Money in the World de Ridley Scott.
Kevin Spacey, l'acteur, une dernière fois
Billionaire Boys Club semble donc être le dernier film de Kevin Spacey. Sa production a débuté avant que le scandale n'éclate. La société de distribution aux Etats-Unis, Vertical Entertainment, a tout de même souhaité que le travail d'une équipe entière ne soit pas totalement ruiné par les agissements d'un seul de ses acteurs. Elle a donc opté pour une diffusion en streaming mi-juillet 2018, puis une projection limitée à onze cinémas. D'après Hollywood Reporter, du 17 au 19 août 2018, la recette totale a été de 618 $ seulement, un flop abyssal au vu du budget estimé à 15 m$. A l'international, le film a fait un peu mieux avec 1,4 m$. 1 m$ ont été réalisés en Russie et en Ukraine à elles seules. Le film ne sortira probablement pas en France au cinéma.
Cette bérézina financière éclipse un détail majeur : le film lui-même, réalisé par James Cox. Ignorons un instant Rotten Tomatoes et son cynglant 10%. Les remakes sont légions, souvent critiqués par leur manque d'idées fraîches et Billionaire Boys Club en est un. Dans la bande-annonce, on note un trio d'acteurs prometteurs, Ansel Elgort (Nos étoiles contraires, Baby Drive), Taron Egerton (Kingsman) et Emma Roberts (American Horror Story) qui vont devoir oublier cet incident de parcours dans leur jeune carrière. Enfin le thème du film : la grande finance frauduleuse a été abordée à de nombreuses reprises avec brio. Wall Street, Les initiés, Le loup de Wall Street... peut-on faire mieux ? Et si les scènes de richesse bling-bling vous tentent, vous pouvez toujours essayer Crazy Rich Asians. Cette comédie fait elle-aussi écho aux débats de la société américaine, agite également Tweeter mais elle cartonne au box-office en dépit de sa légerté. Elle sortira au cinéma en France le 10 octobre 2018.
Billionaire Boys Club : talents gâchés