Le All-Star Game de la NBA aura lieu le 19 février 2017 à la Nouvelle Orléans. Cet exercice de popularité permet à la ligue de proposer à ses fans un match d’exhibition opposant les conférences est et ouest. Comme chaque année, la sélection des joueurs fait l’objet de critiques. La NBA a pourtant recherché un certain équilibre entre les acteurs en présence. Ainsi, les cinq majeurs de deux équipes sont sélectionnés en pondérant les votes, pour moitié ceux des fans (déjà 21 millions d’entre eux se sont exprimés), ceux des médias et des joueurs eux-mêmes pesant pour 25% respectivement. Les sélectionnés seront annoncés le 19 janvier. Par ailleurs, les coaches choisiront les joueurs de réserve et leurs noms seront annoncés le 26 janvier.
Résultat du vote populaire comptant pour 50% sur la sélection finale, au 15 janvier 2016
Il ne reste plus qu’un jour aux fans pour s’exprimer et sélectionner trois arrières et deux avants dans chaque conférence. On peut donc considérer ce volet de la sélection comme clos. Les résultats sont ci-dessus et les surprises, nombreuses. Plus d’articles et vidéos ont déjà été publiés pour fustiger le choix des fans. En effet, leur appréciation peut paraître déconnectée des performances réelles des joueurs. Elle valide souvent plus leur carrière complète que leur performance de la saison en cours. Parfois même, leurs réalisations individuelles d’exception qui font tant plaisir aux fans sont valorisées indépendamment du succès de leur équipe.
Derrick Rose, Manu Ginobili, Carmelo Anthony incarnent cette perception, tout comme Dwyane Wade. Depuis qu’il a rejoint les Bulls, il offre encore quelques flashes du grand champion qu’il a été. Son équipe se bat pourtant pour la huitième place de la conférence est, dernière à être qualificative pour les playoffs. Ses performances individuelles sont les plus faibles de sa carrière si on exclut sa première année professionnelle. Mais voilà, trois championnats, un statut de MVP de la finale 2006, et les fans lui sont restés fidèles. Il en va de même de Stephen Curry. Idole de la saison 2015-16, une finale ratée et des statistiques en baisse ont terni son aura. On pourrait s’étonner de le voir en tête des votes de la conférence ouest. James Harden et Russell Westbrook sont objectivement plus méritants. Ce serait sans compter sur l’empreinte persistante dont Curry a marqué la NBA, montrant qu’un joueur relativement petit et peu athlétique (comme la majorité d'entre nous) peut être MVP à deux reprises.
Giannis Antetokounmpo, "The Greek Freak" : dunk imminent
Depuis l’an dernier, la ligue a implicitement entériné la disparition du poste de pivot. En effet, elle alloue deux votes sur cinq pour la sélection des « avants » du All-Star Game. Or, les avants actuels les plus populaires sont rarement les pivots. Ils sont généralement les ailiers (LeBron James, Paul George, Kevin Durant, Kawhi Leonard) ou les ailiers forts (Draymond Green, Blake Griffin, LaMarcus Aldrige, Kevin Love). En réalité, la dynamique qui secoue la NBA est profonde. Elle tend à faire disparaître les assignements fixes de joueur à un rôle précis. La polyvalence de Giannis Antetokounmpo, de Karl Anthony-Town et d’Anthony Davis, indépendamment de leur taille et poids, offre à leur coach de nouvelles options tactiques. On imagine le cinq majeur des années avenirs à géométrie variable et composé de joueurs grands, dynamiques et athlétiques. Quel plaisir de voir donc « The Greek Freak » des Bucks être déjà en 3eme position du vote populaire de la conférence est, derrière le duo de Cleveland, Lebron James et Kyrie Irving.
Zaza Pachulia (27), pivot des Golden State Warriors cette saison (Crédit: Stan Olszewski/Special to S.F. Examiner)
On s’étonne aussi que le modèle de vote ne contente personne. L’an dernier, seuls les votes des fans comptaient. Zaza Pachulia, joueur quasi-anonyme en NBA, avait alors manqué de peu de participer au All-Star Game 2016. Dans les années 2000, le plébiscite de Yao Ming avait déjà alimenté la suspicion des américains concernant les votes étrangers et communautaires qui influencent fortement le résultat des sélections. Autant Yao Ming, désormais au « NBA Hall of Fame », était un joueur de grande valeur, autant Zaza Pachulia est, disons-le, interchangeable. Ironie du sort, il est le pivot des Golden States. Quelques soit les règles, rien ne semble donc empêcher la Géorgie, petit pays d’Asie centrale de 3,7 millions d’habitants, de propulser son héros national en tête des votes.
Dans cet article, nous vous proposons un entretien du pivot géorgien. Avec beaucoup de modestie et d’humour, il répond sans détours aux questions des journalistes. Leurs litotes prêtent à sourire. On s’attendait à ce que l’un d’entre eux pose enfin les questions qui lui brûlent les lèvres : « Comment un joueur nul et géorgien comme toi peut-il avoir plus de votes que DeMarcus Cousins, Karl-Anthony Towns et Marc Gasol combinés ? N’est-ce pas là une conspiration de l’Etranger, comme celle qui aurait affecté notre élection présidentielle ? N’as-tu pas honte, cher Zaza, nom ô combien ridicule ? » Ledit Zaza garde remarquablement son aplomb. Il offre des réponses intéressantes et constructives sur son pays, sur son académie sportive et le vote de fans, sachant que ceux des médias et des joueurs ne lui permettront certainement pas de participer au All-Star Game. L’entretien est en anglais mais mérite d’être regardé.
Kevin Hart, quatre fois MVP du match entre célébrités, ex-joueurs NBA et WNBA : Ok... (Crédit : AP Photo/Frank Franklin II)
Enfin, les All-Star Game ne sont que l’un des divertissements proposés durant un week-end de trois jours. On pourra notamment s’intéresser au concours de dunk, de tirs à trois points et au match entre les futures stars de la NBA (les nouveaux venus contre les joueurs de 2eme année). En règle générale, il vaut mieux éviter le NBA All-Star Celebrity Game et les matchs D-league, la 2nde division de la NBA, l’un des gros points faibles de la ligue (un sujet pour un autre article).