Tout en haut du monde est un film franco-danois réalisé par Rémi Chayé et écrit par Claire Paoletti, Patricia Valeix, Fabrice de Costil. Il s’agit d’une création originale qui nous raconte l’histoire de Sacha, une jeune aristocrate russe à la fin du XIXème siècle, qui veut retrouver le bateau de son grand-père : le Davaï. Ce film est représentatif de l’effort que demande la création d’une œuvre originale en Europe.
La difficulté de faire un film en Europe
Sacha dans sa chambre, on aperçoit le Davaï dans le cadre à gauche
L’idée de ce film est très ancienne mais c’est à partir de 2012 que Rémi Chayé se met à rechercher des financements. Il doit multiplier les financements pour réussir à obtenir un budget de 6.4 millions d’euro au bout de 3 ans et il accepte une co-production franco-danoise. Il crée un studio de 40 personnes pendant un an à Paris et il partage le travaille avec un studio danois de 30 personnes. Il veut faire le film uniquement en Europe bien qu’il aurait pu sous-traiter en Asie une partie de l’animation pour économiser de l’argent.
Le budget prévisionnel du film était de 9 millions, les 6.4 millions obtenus obligent donc le réalisateur à réduire la durée du film de 82 min à 72 et pousse l’équipe à faire une sélection drastique sur les images. On enlève le superflu et on simplifie l’animation au maximum (les personnages et les décors) pour économiser du temps mais aussi pour aller à l’essentiel dans le film. Le petit budget oblige le réalisateur et les storyboarder à repenser leur façon de concevoir le film. On passe d’un 3 mâts avec 40 personnes à une goélette avec 12 personnes. Mais toutes ces contraintes ont donné au film une patte graphique bien à lui ainsi qu'un univers attachant et cohérent.
Toutes les voix ont été enregistrées avant la création de l’animation. Les doubleurs ont donc pu répéter plusieurs fois les scènes, modifier les dialogues, faire des essais pour donner vie aux personnages. Les animateurs avaient donc les clefs en mains pour que les mouvements de lèvres collent aux dialogues, contrairement aux films étrangers, où le plus souvent on essaye de coller le dialogue sur l’animation ce qui empêche un travail en profondeur des doubleurs.
Sacha, l’aventure d’une jeune fille
Lund, Katch et Sacha
Sacha est, au début, une jeune aristocrate russe, marquée par la figure de son grand-père, un grand explorateur Ouloukine. Elle est partie pour sauver l’honneur de sa famille comme dans une grande aventure de Jules Vernes. Au départ, notre jeune fille a connaissance du monde lié aux cartes, livres mais ce long-métrage raconte comment elle change, s’adapte, apprend, s’affirme face à des situations toutes plus différentes les unes des autres. Sacha est une force de caractère qui arrive toujours à obtenir ce qu’elle veut.
Tous les personnages sont profondément humains, on n’a pas de véritables méchants, juste des hommes face à des situations qui peuvent les dépasser. Il est compliqué de les détester car on a une profonde empathie pour tous les personnages. Certains personnages sont des mentors comme Olga ou Lund, d’autres des amis comme Larson ou Katch, mais chaque personnage a sa petite histoire, son petit look qui le rend reconnaissable au premier coup d’œil. Ils nous sont représentés comme une équipe et cette aventure ne sera plus que celle de Sacha mais de tous ces hommes.
Le réalisateur a obligé les animateurs à passer du temps sur les émotions des personnages. Les animateurs et storyboarders ont donc eu pour consigne de travailler sur les mouvements, les postures des personnages pour que les dialogues aient pour but d’appuyer l’image et non de la commenter. Ils voulaient éviter d’être dans une forme de pléonasme permanent.
Un film aux multiples récompenses
Tout en haut du monde a eu un succès critique très important. Il a reçu le prix du public du Festival d’animation d’Annecy en 2015. Il est nommé aux Annie Awards qui sont les oscars de l’animation, présélectionné au titre du meilleur film d’animation de l’année aux Oscars. Malheureusement, il n’a pas eu un grand succès en salle de cinéma avec seulement à peine plus de 200 000 entrées. Pour tout ceux qui sont passer à côté, c'est un film à découvrir.