C’est l’histoire d’un cochon, chasseur de prime et pilote d’hydravion sur la Mer Adriatique, dans l’Italie fasciste de l’entre-deux guerre. Un tel synopsis est étonnant car il mélange le fictionnel aussi bien que le réel. Ce film est le premier de Hayao Myazaki à sortir en France et lui permet de connaître un début de carrière international.
Pourquoi cette histoire ?
Hayao Myazaki
Le Studio Ghibli décide, après la sortie du dernier film Isao Takahata, de faire un moyen-métrage pour la Japan Airlines. Les équipes sont fatiguées par le travail sur le précédent film et ce film doit les reposer. Myazaki ressort de son passé une bande-dessiné de 1984, L’ère des Hydravions, qui avait pour personnage principal un cochon.
Pour lui, il s’agit de casser son image écologiste qu’on lui colle depuis ses deux premiers films : Nausicaä et la Vallée du Vent et Le Château dans le ciel. Le choix du cochon est important car c’est un animal qui fait ce qu’il veut, est égoïste mais qui jouit de sa liberté. Le choix de l’Italie, de la période des années 1920 et des hydravions vient d’un souvenir de la vision d’un hydravion italien quand il était enfant.
Au cours de la production du film, les idées apparaissent en tous sens et le petit projet grossit à vue d’œil. Le déclenchement de la guerre en Yougoslavie chamboule le réalisateur et le pousse encore à modifier son scénario. Le moyen métrage, qui devait permettre aux équipes du studio de se reposer, est devenu un long métrage. D’un film de commande, il est devenu l’un des film les plus personnel de Myazaki.
Une fable dans la réalité
Fio et Porco
Le film se veut donc l’histoire d’un cochon mercenaire, ancien combattant de la première guerre mondiale. Il passe son temps à combattre les pirates de l’Adriatique pour de l’argent. Ce théâtre nous présente donc une vraie « tête de cochon » mais terriblement attachant. Son histoire le lie avec deux femmes Gina et Fio. Les deux sont amoureuses de Porco Rosso mais lui refuse de voir tous sentiments amoureux. On n’offre pas comme cadeau de mariage le linceul de veuf.
Notre personnage principal est maudit. Avant la guerre, il était humain mais la première guerre mondiale a fait de lui un cochon anthropomorphe. Personne ne sait d’où provient cette malédiction mais les hypothèses sont légions. La plus connue et la plus vraisemblable semble être que ces actions durant la première guerre mondiale l’ont transformé. Cette hypothèse justifierait le traumatisme de Porco Rosso, son refus de tuer et de l’armée.
Le sens de ce film passe aussi autour de la chanson : Le Temps des cerises. Elle évoque la chute de la Commune de Paris avec nostalgie. Myazaki comme Porco sont des nostalgiques du temps passé, d’une saison de liberté, de paix, d’amour. Pour notre héros, il s’agit de « se mettre en suspend entre ciel et terre » (Myazaki, mai 1995) pour éviter le changement. Notre réalisateur fait le constat de l’échec du socialisme. La chanson reflète son amertume mais donne un autre sens à la couleur de l’avion de Porco.
La réception du film
Le film est un immense succès au Japon, il est le film le plus vue de 1992. Il remporte un succès critique dans son pays mais aussi à l’international car il remporte le cristal du long métrage d’animation au festival d’Annecy en 1993. Il est le premier Myazaki à sortir au cinéma en France en 1995.
Le temps des cerises - Tokiko Kato, écrit par Jean Baptiste Clément, composé par Antoine Renard – 1992 – Studio Ghibli :