Le 17 septembre 2017, PBS, diffuseur et distributeur public américain, a proposé un documentaire de 18 heures en 10 épisodes sur la guerre du Vietnam. Réalisé et produit par Ken Burns et Lynn Novick, il représente dix ans de travail et aussi plus de quarante ans de réflexion depuis la prise de Saigon par les soldats du nord du Vietnam en avril 1975. En France, c’est ARTE qui le diffuse. Vous pouvez le voir sous un format différent de 9 épisodes, environ 55min chacun.
Le documentaire suit la chronologie du conflit, de la rébellion contre la présence française jusqu’à la visite officielle de l’ex-président américain Barack Obama en 2016. Les témoignages d’américains, de sud-vietnamiens et nord-vietnamiens, ponctuent le déroulé des épisodes riches en matériaux historiques : films noir & blanc et en couleur, photos, bandes sonores. La version française est narrée par Eric Herson-Macarel, acteur et excellent doubleur (il prête sa voix à Mark Strong, Daniel Craig, Willem Dafoe entre autres).
Emotionnel et cru, Vietnam l’est assurément. Il faut être dans de bonnes dispositions pour tenir le choc des images et de la narration, macabre et étrangement palpitante, dont on connait l’issue : environ 3 millions de vietnamiens morts, 300 000 cambodgiens, 60 000 laotiens et 58 000 américains tués, un pays en ruine. De 1975 jusqu’en 1995, une vague d’immigration poussa 1,5 millions de vietnamiens loin de leur pays, dont 400 000 aux Etats-Unis. Ce décompte morbide ne prend pas en compte les millions de familles brisées de part et d’autre de l'océan pacifique, les forêts et la faune dévastées par les bombes, le napalm et le défoliant (l’Agent Orange) déversés par l’aviation américaine sur trois pays.
Le conflit dura environ trente ans de 1945 à 1975. Le documentaire illustre très bien les transformations de la société américaine qui alimentèrent la contestation contre la guerre : le mouvement pour les droits civiques, le pacifisme, l’écologisme, des médias de plus en plus critiques et attentifs aux mensonges d’état. Les musiques utilisées en guise de bande-son sont très variées. Elles se font l’écho de la contestation face à une guerre qualifiée dès le début des opérations terrestres américaines en 1965 d’injuste, immorale, inconstitutionnelle, ne servant pas les intérêts du pays et par ailleurs, ingagnable.
On peut regarder ce documentaire et être prisonnier de l’actualité. Les pratiques politiques de Donald Trump, une Amérique divisée, la guerre en Syrie, les conflits asymétriques, l’inventivité des forces armées (la cavalerie héliportée à l’époque, les drones aujourd’hui) … Les parallèles existent. Les comparaisons sont tentantes. Ken Burns et Lynn Novick nous invitent à faire l’inverse. Les leçons du conflit ont été apprises, gravées dans le marbre du mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington et très largement oubliées. Sous de multiples facettes, le conflit vietnamien – car il est en somme une guerre civile – est raconté pour ce qu’il est : une tragédie, des femmes et des hommes brisés, une époque au confluence de multiples transformations.
What’s Going On - Marvin Gaye, écrit par Alfred Cleveland, Marvin Gaye, Renaldo Benson - 21 mai 1971
What’s Going On lyrics © Sony/ATV Music Publishing LLC
Mother, mother
There's too many of you crying
Brother, brother, brother
There's far too many of you dying
You know we've got to find a way
To bring some lovin' here today, eheh
Father, father
We don't need to escalate
You see, war is not the answer
For only love can conquer hate
You know we've got to find a way
To bring some lovin' here today, oh oh oh ...