La saison 2015-16 a vu les Cavaliers de Cleveland l’emporter en sept matchs face aux Golden States Warriors d’Oakland. Jamais une équipe n’avait réussi à remonter un déficit de 1-3. Lebron James a dominé de la tête et des épaules un duel de toute beauté et pas dénué de polémiques: l’expulsion de Draymond Green a-t-elle offerte la victoire aux Cavaliers? Stephen Curry, MVP unanime de la saison passée, était-il vraiment en mesure de jouer? Lebron James est-il désormais le meilleur ailier de l’histoire de la NBA, devançant Larry Bird?
A l’exception notable de J.R. Smith, ex-Cavalier et toujours sans contrat, les joueurs majeurs de la NBA ont trouvé leur équipe. Certains commentateurs sont déjà tentés d’annoncer la finale de 2017: pour la troisième année consécutive, Cleveland vs. Oakland. Oublions les 82 matchs de saison régulière, les play-offs et concentrons-nous sur la finale. Minute papillon! Bien que cette prédiction soit plus que plausible, la saison 2016-17 ne sera pas dénudée d’intérêt et d’enjeux pour autant.
Stephen Curry et Kevin Durant: opposés hier, les piliers des Golden States Warriors aujourd'hui
Les "super teams"
L’arrivée de Kevin Durant chez les Golden States Warriors a fait trembler les fans pour des raisons diamétralement opposées. Certains y voient une trahison puisqu’il rejoint l’équipe qui l’a battue en conférence de finale ouest. D’autres salivent à l’idée une "super team" dont le pivot Zaza Pachulia, joueur fort modeste, aura le rôle le plus simple de la NBA: regarder quatre joueurs d’exception jouer, à savoir Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green et Kevin Durant. Rien de moins. Son banc s’en trouve un peu déplumé mais compte encore Andre Iguodala, Shaun Livingston et voit l’arrivée de David West. Malgré une telle collection de talents, on doute que cette équipe cherche à battre son propre record de 73 victoires en saison régulière. Elle devra se concentrer sur l’ennemi public n°1, le champion en titre: Cleveland.
Les "super teams" ont été le sujet de nombreux débats. Leur succès est-il garanti ? Non, si on pense aux Houston Rockets de 1996-97, aux Lakers de 2003-04. Tuent-elles le suspens de la saison régulière? Non car il reste 29 équipes compétitives dont les duels ne manqueront d’intérêt. Ecrasent-elles les play-offs? Non, pensez aux Miami Heat de Dwyane Wade, LeBron James, Chris Bosh perdant la finale 2011 face à la valeureuse équipe de Dallas emmenée par Dirk Nowitzki. Le terme ne serait-il pas galvaudé? Certainement puisque Derrick Rose l’emploie pour qualifier sa nouvelle équipe, les Knicks de New York dont on imagine mal qu’elle fasse mieux qu’atteindre le 2nd tour de la conférence est.
Carmelo Anthony, à la pointe du débat sur les violences policières aux Etats-Unis
Au cœur du débat social
Les violences policières dont les afro-américains sont souvent les victimes ont mise sous tension la société américaine. Certains s’engagent publiquement pour les dénoncer comme Carmelo Anthony, Chris Paul, Dwyane Wade, Lebron James mais aussi DeMarcus Cousins dans sa ville natale de Mobile en Alabama. La ligue de football américain a vu le débat s’intensifier sur le terrain lorsque le quaterback des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick, a décidé de s’agenouiller plutôt que rester debout lorsque l’hymne national a été entonné. Son geste a émulé d’autres joueurs qui l’ont repris ou imités. Certains y voient un acte antipatriotique mais l’intention semble bien être de participer au débat démocratique et de dénoncer l’inacceptable.
Contrairement à la NFL, le règlement impose aux joueurs de la NBA d’être debout durant l'hymne national, généralement la main sur le cœur. Pas d’écart sous peine d’amende et de possible suspension comme cela est déjà arrivé en 1996 à Mahmoud Abdul-Rauf, ex-star des Denver Nuggets. L’opinion publique prêtera attention aux comportements des joueurs de la NBA d'aujourd'hui, aux trois quarts afro-américains. Quelles parades trouveront pour exprimer leur solidarité sans risquer d’y perdre leur salaire? Un dialogue s’instaurera-t-il entre le commissaire de la NBA Adam Silver et les joueurs pour trouver un compromis entre liberté d’expression et règles contractuelles?
Cette année, la ligue a cependant pris une décision sujette à polémique en s’opposant à une loi de la Caroline du Nord considérée comme discriminatoire à l’encontre des LGBT. Charlotte, la plus grande ville de cet état, s’est donc vue refuser l’organisation des "All Star Games" 2017. L’événement aura finalement lieu à la Nouvelle Orléans, ville des Pélicans d’Anthony Davis. On imagine la déception des fans des Hornets de Charlotte, la seule franchise dont le propriétaire soit afro-américain, à savoir… Michael Jordan. En faisant preuve de conviction et de courage sur un sujet, la NBA a malheureusement ouvert un autre front, tout aussi brulant. Pour preuve qu’il est à fleur de peau, les Memphis Grizzlies porteront un nouvel uniforme à partir du 15 janvier, jour du 50ème anniversaire de l’assassinat de Martin Luther King. Et c'est sans parler de l'élection présidentielle américaine en 2017 durant laquelle le candidat républicain ne recueillerait à ce jour que 8% des votes de l'électorat afro-américain...
5 ans, 153m$ pour... Mike Conley?
Il y en aura pour tout le monde
Heureusement tout de même, une des caractéristiques les mieux partagées de cette saison 2016-17 sera l’argent. Des contrats juteux ont été signés, y compris pour des joueurs de 2nd rang. Le relèvement du plafond salarial de 70 à 94m$ a permis de mieux rémunérer les joueurs. Le « King » Lebron James sera très bien servi, lui qui dispose désormais du salaire le plus élevé de la NBA avec 31m$. Mike Conley, meneur des Grizzlis de Memphis, fait un bond incroyable en seconde position à 26,5m$. Même salaire cette saison pour Al Horford qui devient le joueur le mieux payé de l’illustre histoire des Boston Celtics. On trouve même le français Nicolas Batum des Charlotte Hornets en 18ème position avec 21m$.
De même, la rupture de Dwyane Wade d’avec les Miami Heats est en grande partie due à des raisons salariales. En rejoignant les Bulls de Chicago pour deux ans, il est garanti de toucher 23m$ cette année, le plus gros salaire de sa carrière. Fin stratège, le président des Heats, Pat Riley, aurait instrumentalisé la frustration de Wade de ne jamais avoir été le joueur le mieux payé de son équipe pour le faire partir, sachant qu’il aura 35 ans en janvier prochain. A l’inverse, Dirk Nowitzki a bénéficié d’un traitement à la Kobe Bryant: enfin un gros salaire (25m$) alors qu’il est en fin de carrière à l’âge de 38 ans. Bien qu’il reste encore productif sur le terrain, on imagine que Mark Cuban, propriétaire des Dallas Mavericks et ami du joueur allemand, a ouvert son portefeuille pour des raisons autres que sa générosité: préserver l’image de l’équipe sur le marché très compétitif des transferts, offrir au public local son chouchou et faire fonctionner la billetterie, utiliser le vétéran pour épauler un jeune joueur comme Harrison Barnes.
Ben Simmons: un joueur à suivre de très près
Des duels à suivre
Si la conclusion de la saison régulière paraît déjà écrite, certains matchs sentent la poudre. Voici quelques exemples :
- 3 octobre, Charlotte Hornets: blessé à l’épaule et au genou après une lourde chute le 20 mars 2016, Anthony Davis nous revient enfin. Ce jeune joueur est capable de tout. Il a même ajouté à son arsenal le tir à trois points (32,4% en 2015-2016). Les performances comparables du "Rookie of Year" Karl-Anthony Towns des Minnesota Timberwolves et Kristaps Porzingis de New York Knicks ont fait un peu oublier Davis. Il aura donc doublement à cœur de revenir sur les parquets: confirmer sa bonne santé et prouver qu’il est encore et toujours le futur de la NBA,
- 4 octobre 2016: date du 1er match des Knicks face aux Houston Rockets. L’équipe de New York a beaucoup changé. A défaut de faire rêver, elle intrigue. On prendra plaisir à la voir trouver ses marques et gagner quelques dizaines de matchs. En espérant que les blessures ne ruinent pas leurs plans…
- 8 octobre 2016, 1er match entre les Phildelphia 76ers et les Cleveland Cavaliers. Les Sixers ont passé ces dernières années à accumuler les mauvais résultats et les meilleurs jeunes joueurs intégrant la NBA. Cette année, Ben Simmons, 1er de la Draft 2016, rejoint l’équipe. Beaucoup voit en lui un talent rare, à la Lebron James. Il s’est d’ailleurs entrainé avec lui durant l’été. Leur première confrontation donnera le « la » à des duels passionnants dans les années à venir,
- 14 octobre 2016, Cleveland Cavaliers - Chicago Bulls: amis dans la vie, compétiteurs dans la même division centrale, Lebron James et Dwayne Wade vont s’affronter pour la première fois depuis le transfert de Wade pour Chicago. On imagine aussi que les deux équipes pourraient être opposées au 2nd tour des play-offs,
Russell Westbrook, seul maitre à bord à Oklahoma City: la machine à triple-doubles va pouvoir s'exprimer
- 3 novembre 2016, Oklahoma City – Golden State Warriors. Kevin Durant sera opposé à son ancienne équipe et au furieux Russell Westbrook. Ce dernier voudra démontrer à son ex-coéquipier que son départ, tout comme celui de James Harden en 2012 et Reggie Jackson en 2015, n’a entamé en rien ses chances durant les playoffs. Les égos s’exprimeront à plein régime,
- 7 décembre 2016: Boston Celtics - Orlondo Magics et 10 décembre: Sacramento Kings – Utah Jazz. Enfin les premiers duels entre des équipes jeunes et prometteuses dont la prétention est d’accrocher la 8eme et dernière place aux play-offs de leur conférence respective. On observera la montée en puissance d’Isaiah Thomas et l’impact d’Al Horford chez les Celtics, la rédemption de Serge Ibaka et la solubilité d’Evan Fournier dans l’argent des Magics, le nombre de fautes techniques de DeMarcus Cousins chez les Kings (ou autre, les rumeurs de transferts étant insistantes), le duo de français Boris Diaw et Rudy Gobert jouant ensemble pour Utah Jazz,
- 25 décembre 2016: Golden State Warriors – Cleveland Cavaliers. Les joueurs et leur coach diront certainement que les matchs de saison régulière n’ont finalement pas d’importance, ce match-ci est évidemment hautement symbolique. Joué à la Noël et assuré d’une audience record, il est à la fois la revanche des deux dernières finales et annonce certainement la finale à venir. Les deux équipes y mettront toutes leurs forces et forgeront une rivalité historique qui plait tant aux médias américains. A ce stade, la composition de l’équipe de Cleveland n’est pas encore finale. Son arrière J.R. Smith est toujours sans contrat et on peut encore s’attendre à ce que Lebron James fasse le nécessaire pour contrer le mastodonte d’Oakland, malgré son amitié affichée pour Smith.
Par ailleurs, la NBA poursuit son expansion internationale. Comme cela est déjà arrivé dans les années passées, un certain nombre de matchs de saison régulière seront joués hors du continent nord-américain. En 2017, Mexico City et Londres auront la chance de voir jouer les Phoenix Suns, Dallas Mavericks, les Indiana Pacers, les Denver Nuggets et les Spurs de San Antonio.
Enfin, cette saison marque un tournant. Pour la première fois en près de deux décennies, nous ne verrons plus Kobe Bryant ni Tim Duncan sur les parquets de la NBA. En plus d’avoir marqué la compétition et gagné à eux deux dix championnats, ils n’ont joué que pour une seule et même équipe tout au long de leur carrière, les Lakers de Los Angeles pour l’un, les Spurs de San Antonio pour l’autre. Il est peu probable d’observer à nouveau une telle fidélité. Autre joueur proéminent à avoir pris la retraite, Amare Stoudemire.
La pré-saison débute le 1 octobre et le premier match de la saison régulière, New York contre Cleveland, lancera la saison le 25 octobre.
Prédictions (à prendre avec des pincettes!)
- Champion de la saison régulière 2016-17: Cleveland Cavaliers
- Champion NBA 2017: Golden State Warriors
- "Most Valuable Player": Paul George
- Meilleur marqueur: Russell Westbrook
- Meilleur rebondeur: Andre Drummond
- Meilleure progression: Kristaps Porzingis
- Rookie de l'année: Ben Simmons
Crédits: Curry/Durant par Getty Images/Ezra Shaw, Carmelo Anthony par www.sportingnews.com, Mike Conley par Troy Taormina/USA TODAY Sports
et maintenant, le retraite de Kevin Garnett après 21 ans de carrière...